- Auteur: Claude Maillard
François. La Mission aux périphéries
Regard sur l'essentiel
François ne faisait pas que parler de Dieu : il le rendait visible à travers ses gestes, par son regard, par son accueil et par sa vie !
François a ramenée l’Eglise à l’essentiel, à sa raison d’être, en toute urgence : la Mission. Il voulait qu’elle arrête de se centrer sur elle-même pour qu’elle sorte et aille à la rencontre de tous.
Dès les premiers instants de son élection : son nom de François est un appel clair à la simplicité et à la fraternité universelle. Son habillement sobre, son refus d’habiter les appartements pontificaux, sa proximité avec le peuple, surtout avec les plus pauvres, les itinérants, les migrants… « Que je voudrais une Église pauvre pour les pauvres », souhaitait-il de tout cœur. Il a été, pour notre temps, un « cœur sur deux jambes », allant de rencontre en rencontre, de pays en pays, pour écouter l’Humanité qui cri sa souffrance et sa désespérance.
Comme François d’Assise il y a plus de 800 ans, il n’a pas seulement réformé des structures ; il a réveillé des consciences. Il a interpelé toute l’Humanité en lançant un cri prophétique pour une « écologie intégrale », qui unifie la sauvegarde de notre maison commune, la Terre, à l’engagement envers les plus pauvres et le partage équitable des ressources. Sera-t-il écouté, ou juste admiré pour son courage de « parler des vraies choses » et de mener par l’exemple ? L’avenir nous le dira. Une chose est certaine : ce cri, il l’a adressé à tous, croyants et non-croyants, et il l’a incarné avec une cohérence impressionnante.
François nous a également bousculés en faisant une réforme majeure de la Curie romaine qu’il a transformé en une structure à caractère missionnaire. Promulguée en 2022 sous le titre évocateur Praedicate evangelium (Prêcher l’Évangile), elle illustre bien que l’Évangélisation y devient la priorité, avec un dicastère dédié placé au premier rang. Un geste symbolique fort qui a permis un tournant concret et nécessaire, son plus beau cadeau fait aux chrétiens de notre époque.
Sa passion missionnaire s’est également manifestée dans son engagement pour la paix et la fraternité. Son pèlerinage œcuménique au Soudan du Sud, son document sur la fraternité humaine signé avec le grand imam d’Al-Azhar qui trace la voie du dialogue interreligieux tout en condamnant la violence, sa dénonciation constante des guerres… Tout cela témoigne d’un pape artisan de paix, prophète du dialogue et de la rencontre. « Tous frères », répétait-il, en écho à l’Évangile. Faisons taire les armes, dialoguons pour une paix réelle et durable.
De cet homme de Dieu j’ai senti de la bienveillance, de l’écoute attentive à l’autre. Dans ce sens, il proposait à toute la famille humaine tout ce qu’il mettait en pratique.
François a également tracé un chemin d’espérance pour l’Église et pour tous les peuples, celui de la synodalité : marcher ensemble, écouter et dialoguer ensemble, discerner ensemble ce que l’Esprit dit aux Églises locales et aux communautés. Ce chemin aux traits jésuites, il l’a appris et perfectionné dans la grande école missionnaire de l’Amérique latine.
Le pape argentin a démontré que la Mission n’est pas une arme pour conquérir qui que ce soit, mais un appel à aimer, à servir, à révéler la tendresse du Père. François a vécu en mission, en sortie, avec le désir ardent de faire connaître celui qu’il connaissait intimement, le Christ-Jésus.
Merci, François, d’avoir vécu ta foi avec simplicité et passion, la rendant vivante et accessible à tous. Tu nous as dit : « Je connais Jésus, et je voudrais vous le faire connaître ». Tu y es magnifiquement parvenu. Nous accueillons ton invitation à sortir et faire de même !
Extrait d’un article de Yoland Ouellet, o.m.i. Directeur national des Œuvres pontificales missionnaires du Canada francophone