Expérience de dialogue

Expérience de dialogue

Raphaël Deillon partage son expérience

Notre confrère suisse, originaire de Siviriez, Fribourg,  à la rencontre d'autres religions. 

Après de nombreuses années en Algérie, il lui a semblé important d'être à Marseille aussi bien que sur le continent africain puisque l'Afrique entière, avec ses cultures et ses religions, est désormais présente dans cette grande ville. 

Aux limites Nord de Marseille, nombreux sont les Africains, Asiatiques, Orientaux chrétiens de ces cités de 20 étages qui coiffent les collines environnantes et guignent vers la mer. L'ambiance dans l'église moderne est chaleureuse, l'accent exotique et la ferveur contagieuse.  

Cliquer sur le lien URL de sa video témoignage sur les Martyrs d'Algérie

https://youtu.be/SE_HDKozO38

Irak, Ur : la prière des enfants d'Abraham

Irak, lors de son voyage historique dans ce pays, du 5 au 8 mars 2021, le pape François a prononcé cette belle prière inter-religieuse

Dieu Tout-Puissant,  notre Créateur qui aime la famille humaine
et tout ce que tes mains ont accompli,
nous, fils et filles d’Abraham
appartenant au judaïsme, au christianisme et à l’islam,
avec les autres croyants et toutes les personnes de bonne volonté,
nous te remercions de nous avoir donné comme père commun dans la foi Abraham,
fils éminent de cette noble et bien-aimée terre.

Nous te remercions pour son exemple d’homme de foi
qui t’a obéi jusqu’au bout, en laissant sa famille, sa tribu et sa patrie
pour aller vers une terre qu’il ne connaissait pas.

Nous te remercions aussi pour l’exemple de courage,
de résistance et de force d’âme, de générosité et d’hospitalité
que notre père commun dans la foi nous a donné.

Nous te remercions en particulier pour sa foi héroïque,
manifestée par sa disponibilité à sacrifier son fils
afin d’obéir à ton commandement.
Nous savons que c’était une épreuve très difficile
dont il est sorti vainqueur parce qu’il t’a fait confiance sans réserve,
que tu es miséricordieux
et que tu ouvres toujours des possibilités nouvelles pour recommencer.

Nous te remercions parce que, en bénissant notre père Abraham,
tu as fait de lui une bénédiction pour tous les peuples.

Nous te demandons, Dieu de notre père Abraham et notre Dieu,
de nous accorder une foi forte, active à faire le bien,
une foi qui t’ouvre nos cœurs ainsi qu’à tous nos frères et sœurs ;
et une espérance irrépressible,
capable de voir partout la fidélité de tes promesses.

Fais de chacun de nous un témoin du soin affectueux que tu as pour tous,
en particulier pour les réfugiés et les déplacés,
les veuves et les orphelins, les pauvres et les malades.

Ouvre nos cœurs au pardon réciproque
et fais de nous des instruments de réconciliation,
des bâtisseurs d’une société plus juste et plus fraternelle.

Accueille dans ta demeure de paix et de lumière tous les défunts,
en particulier les victimes de la violence et des guerres.

Aide les autorités civiles
à chercher et à retrouver les personnes qui ont été enlevées,
et à protéger de façon particulière les femmes et les enfants.

Aide-nous à prendre soin de la planète,
maison commune que, dans ta bonté et générosité,
tu nous as donnée à tous.

Soutiens nos mains dans la reconstruction de ce pays,
et donne-nous la force nécessaire
pour aider ceux qui ont dû laisser leurs maisons et leurs terres
à rentrer en sécurité et avec dignité,
et à entreprendre une vie nouvelle, sereine et prospère.
Amen.

Dialogue interreligieux sérieux, pistes

Le pape François n’a cessé de souligner en paroles et en actions certains principes par lesquels une harmonie interconfessionnelle et une culture de la paix pourraient être réalisée. Six de ces principes :  

1. Rejet de la violence

Le 1er principe est un rejet total et inconditionnel de la violence au nom de la religion. Personne ne peut se considérer comme un vrai croyant tout en planifiant et mettant en œuvre des actes de violence. À New York, Tirana, Sarajevo, Ankara ou Bangui, le pape François a rallié des responsables religieux et des croyants pour condamner leurs coreligionnaires qui cherchent à instrumentaliser leur religion pour justifier la violence. Tous les croyants doivent dire non à la haine, à la revanche et à la violence, en particulier à cette violence perpétrée au nom d’une religion ou de Dieu lui-même.

2. La violence et le terrorisme ne doivent être identifiés à aucune religion

Le 2ème principe est que la violence et le terrorisme ne doivent être identifiés à aucune religion, race, nationalité ou culture spécifique. Aucune religion ou culture n’est violente par nature. Toutes les religions et les cultures peuvent être capables de violence. Ici aussi, il y aurait beaucoup à dire sur le rôle négatif des médias lorsqu’ils projettent, même implicitement, certains stéréotypes d’association entre la violence et une religion ou une culture spécifique.

3. Education au respect de la dignité inviolable de toute personne humaine

Le 3ème principe est l’éducation au respect de la dignité inviolable de toute personne humaine et de ses droits inaliénables, en particulier ces droits que les extrémistes violents sont le plus enclins à enfreindre, comme la liberté religieuse incluant la liberté de changer de religion ou de confession, le droit à parler librement et le respect des femmes et des filles. L’éducation est essentielle pour dissiper les préjugés et les stéréotypes, les peurs injustifiées et la discrimination, pour laisser la place au respect mutuel, à une culture de la paix et de la rencontre, et à la libération d’énergies plus positives pour le bien de tous.

4. La poursuite incessante du dialogue interreligieux et interculturel

Le 4ème principe est la poursuite incessante du dialogue interreligieux et interculturel, d’autant plus au milieu de la persécution religieuse, de l’intolérance religieuse, des tensions interconfessionnelles et des conflits sociaux. Lors de sa rencontre, l’autre jour, au Vatican, avec les membres de l’Institut royal pour les études interconfessionnelles d’Amman, en Jordanie, le pape François a décrit le dialogue par ces mots très simples : « Dialoguer, c’est sortir de nous-mêmes, par une parole, pour entendre la parole de l’autre. Les deux paroles se rencontrent, deux pensées se rencontrent. C’est le premier pas d’un chemin. Après cette rencontre de la parole, les cœurs se rencontrent et entament un dialogue d’amitié qui se termine par une poignée de main. La parole, les cœurs, les mains. C’est simple ! Un petit enfant sait le faire. » 

Quelle que soit la gravité des menaces que fait peser le terrorisme sur notre sécurité collective, la coercition militaire seule ne sera jamais une réponse efficace et durable à cela. Nous avons besoin d’une culture de la rencontre et du dialogue qui encourage l’acceptation mutuelle et promeuve des sociétés inclusives, contribuant à une paix et une sécurité durables. Le dialogue interreligieux, pour qu’il ait véritablement des conséquences sur la paix et le développement, ne devrait pas se limiter simplement aux responsables des communautés religieuses, mais aussi s’étendre le plus loin possible à tous les croyants, puisque c’est par-dessus tout une conversation sur la vie qui peut mener à la rencontre des cœurs et des esprits.

5. Eradiquer des causes de l’extrémisme violent

Le 5ème principe est l’éradication des causes de l’extrémisme violent. Les jeunes sont attirés par les idéologies extrémistes parce qu’ils se sentent socialement aliénés et exclus, ou à cause de la pauvreté ou du chômage chronique. Ceux qui rejoignent des groupes terroristes viennent souvent de familles d’immigrants pauvres, déçus par ce qu’ils ressentent comme une situation d’exclusion et par le manque d’intégration et de valeurs dans certaines sociétés. Les gouvernements doivent s’engager envers la société civile pour traiter les problèmes des communautés les plus à risque de radicalisation et de recrutement et pour réaliser leur intégration sociale satisfaisante.

6. Travail de longue durée

 Le 6ème principe est qu’une société harmonieuse n’est jamais le résultat d’un effort une fois pour toutes, mais plutôt qu’elle est consolidée à travers des milliers d’actions quotidiennes qui sont les pierres angulaires de sociétés justes et pacifiques. La poursuite constante du dialogue interreligieux et interculturel peut être pénible et répétitive, exigeant une résolution plus grande, un engagement persévérant et une vision à long terme. Maintenant plus que jamais auparavant, le pape François nous met au défi de transformer des lieux de haine et de conflit en des lieux de guérison et de réconciliation, des lieux de mort et de destruction en des lieux de vie nouvelle et de nouveaux bâtiments, conduisant ainsi à une société où une culture de paix et de coexistence harmonieuse devient un lieu concret de vie, la norme plutôt qu’une exception.

Source : Pax Christi